Mardi matin
A peine levé, le soleil s’attèle à sa tache matinale : réchauffer de ses doux rayons l’air encore un peu frais de Mexico. Dans les rues, les marchands ambulants s’affairent : une odeur de maïs et de viande cuite s’échappe de leurs casseroles et de leur concert de timbales.
Je décide de préserver pour l’instant mon estomac d'européenne et opte pour un simple jus d’oranges pressées. Pendant que son fiston découpe les oranges, le vendeur m’explique que sa sœur a eu un enfant en France… avec un Israélien… qui devait l’épouser… mais qui l’a quittée – tout ça ponctué de « c’est qui déjà l’acteur français ?… celui avec un gros nez ?... » sans trop d’hésitation, je tente un « Depardieu ?» … et devant son enthousiasme, je lui épargne mon « ah… si son talent était aussi grand que son nez », phrase que je maîtrise pourtant tout à fait dans sa version espingouine… Cette petite conversation m’amuse et j’en oublie le fiston qui presse et qui presse, ses magnifiques oranges, comme si ça vie en dépendait : « hé ! merci, merci ça suffira ! ».
Un litre de jus d’orange plus tard, je sors mon plan avec grande assurance et repère mon trajet jusqu’au musée de Frida Khalo : 1ère à gauche, puis 3ème à gauche… facile !
Première rue à gauche, je m’avance sur le passage piéton qui est bien vert, mais peu importe, à peine le pied posé sur la bande blanche, un déferlement de klaxons se déverse sur moi. Je lève aussitôt la main en signe de capitulation et esquisse une grimace gênée au conducteur. Heureusement, un vélo à contre sens vient me sauver la mise, déclenchant derechef l’étourdissant aboiement des klaxons courroucés.
Je me faufile discrètement jusqu’au trottoir d’en face et m’engouffre dans une rue piétonne.
Dans la rue s’aligne une multitude de petites échoppes, toutes de la taille d’un couloir mais d’où rugit une musique assourdissante. A chaque échoppe, sa musique, chacune étouffant la précédente :
1ere échoppe : Maria Cahrey I will always love you ;
3 pas plus loin, 2ème échoppe : Salsa au rythme entrainant ;
3 pas plus loin, 3ème échoppe : Era ;
3 pas plus loin : techno endiablée ;
3 pas plus loin… ouf ! un parc en face !
Je m’y réfugie rapidement, et tout à coup c’est le calme plat ! A peine quelques oiseaux qui s’égosillent, comme s’ils s’efforçaient à nuancer ce contraste saisissant.
Je m’apprête à déambuler paresseusement dans le parc quand tout à coup, un doute m’étreint : après la 1ere à gauche, c’était la 3eme à gauche ??! C’était quand ? Y’a combien de temps ??!
Qu’à cela ne tienne, le parc est charmant et l’odeur qui s’échappe du petit stand à tacos fort alléchante…
J’adore le mardi matin ;)
Marine